La question de la folie à Madagascar n’a que très peu été questionnée historiquement. Lorsqu’au début de mes recherches, j’ai voulu explorer les archives en France ou à Madagascar, aucun inventaire ne faisait trace des termes « aliéné », « fou », etc. De prime abord, la folie semblait ne pas exister ou du moins n’avoir pas retenu l’attention des autorités. Or Madagascar est le premier territoire à accueillir un établissement psychiatrique au sein de l’Empire colonial français. Une première expérience, centrée autour d’une cinquantaine de lits, est mise en place dès 1905 à Itaosy, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Antananarivo. En 1912, une structure située à Anjanamasina, à dix-huit kilomètres au nord-ouest de la capitale, dotée d’une centaine de lits et organisée en six pavillons, prend le relais de celle d’Itaosy et signe l’officialisation d’une démarche psychiatrique sur la Grande Île. Cette institution, qui n’a jamais cessé de croitre tout au long du XXe siècle – accueillant jusqu’à un demi-millier de personnes au milieu du siècle, est toujours en activité aujourd’hui. Son histoire n’avait jamais été écrite. Ce premier paradoxe fut au centre de mon travail de master et continue d’animer ma recherche ; il fallait faire jour sur cette histoire institutionnelle.
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